Dr Patrice Brehmer, IRD/CRODT, Dakar et LEMAR, Brest
« Le consortium AWA: approche écosystémique de la gestion des pêches et de l’environnement marin dans les eaux ouest africaines »
La Commission Sous Régionale des Pêches (CSRP), dans le cadre du projet AWA, financé par l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD-France) et le Ministère Fédéral de l’Education et de la Recherche (BMBF-Allemagne), soutient ses Etats membres et pays associés par des actions concrètes et un renforcement des capacités consultatives sur les nouvelles approches de gestion des pêches. L’objectif principal du projet AWA est de permettre aux Etats membres de la CSRP de mettre en place une pêche durable et des systèmes de gestion de l’environnement marin basés sur des plans biologique, écologique, halieutique, physique, économique et social. Les objectifs spécifiques du projet AWA sont les suivants: (i) Renforcer les mécanismes de gestion des pêches des Etats membres de la CSRP et pays associés ; (ii) Améliorer les connaissances sur les effets des changements climatiques sur les ressources marines vivantes au regard du fonctionnement de leurs habitats ; (iii) Renforcer et former les étudiants, y compris les chercheurs des institutions et des universités d’Afrique de l’Ouest, en vue de propager AWA dans la région ; (iv) Poser les bases à l’établissement d’un futur observatoire de l’environnement marin et des pêches. Afin d’atteindre ces objectifs, la CSRP a signé avec l’IRD une convention la réalisation du projet qui a démarré en janvier 2013. Les principales activités phares hormis une forte production scientifique de haut niveau ont été les campagnes scientifiques et les conférences scientifiques internationales annuelles. Ces campagnes scientifiques ont permis l’acquisition de nombreux paramètres pour certain jamais acquis pour d’autre mis à jour par la présence des bateaux de recherche scientifique tels que l’Antea (France, IRD), le Suroit (France, Ifremer), le Thalassa (France, Ifremer), le Méteor ou le Mérian (Allemagne, Geomar/ZMT), l’Itaf Deme (Sénégal, CRODT), l’Amrigue (Mauritanie, IMROP), le Diassanga (Sénégal-France, IRD) et le Hermès (Sénégal, privé) dans les eaux des pays couverts par le projet, ainsi que de nombreuses missions en pirogue. Parallèlement un effort de modélisation notamment physique, écologique, biogéochimique, et économique a été réalisé pour fournir des outils d’aide à la gestion des systèmes ouest africains, par le biais de simulation débouchant sur différent type de scenario. Le consortium AWA a réussi à faire émerger des projets de recherche ambitieux notamment le projet Européen de la direction générale de l’environnement PREFACE dans le cadre du FP7, adressant la question du changement climatique et ainsi étudier cette problématique importante pour la sous-région. Des ateliers et écoles d’été ont été organisés à l’échelle sous régionale. Quant aux conférences scientifiques internationales annuelles (participation : >25 pays et >150 institutions ou organismes) dénommées ICAWA, elles ont facilité la participation, la rencontre et l’échange de centaine de chercheurs et d’acteurs du développement du Nord et du Sud dépassant les attentes du projet et créant ainsi un forum d’échange multidisciplinaire d’excellence pour la sous-région sans égale par ailleurs. Ces conférences ont suscité l’implication d’une dizaine de partenaires financiers et a été largement relayé dans la presse (e.g. participation de ministres et ambassadeurs). Le projet a permis de construire des groupes d’expert sous régionaux pour l’étude des problématiques tel que la surpêche et le changement climatique mais aussi la pollution marine, les aires marines protégées, l’aquaculture et l’érosion côtière. Enfin, l’objectif de poser des fondations solides pour la mise en place d’un observatoire sous régionale a été atteint et devrait faire l’objet d’une seconde phase du projet permanentant ainsi d’opérationnaliser les acquis du projet AWA au bénéfice des pays Ouest Africains.
Dr Elimane Abou KANE, IMROP, Nouakchott
« Approche écosystémique de la gestion des quotas dans les accords de pêches: approche par la théorie des jeux »
La surexploitation de nombreux stocks de poissons à l’échelle de l’écosystème marin du Courant des Canaries combinées au rapide changement climatique ont progressivement mis en évidence les limites des plans d’aménagements des pêcheries actuelles en Afrique de l’Ouest. En Mauritanie, l’approche de la Stratégie Nationale de Gestion Responsable pour un développement durable des pêches et de l’économie maritime 2015-2019 préconise le mécanisme des Totaux Admissibles de Captures (TAC) et sa répartition en Quotas individuels et/ou global. Cette réforme de politique nationale de pêche constitue une nouvelle résilience pour inverser la tendance. Cependant l’efficacité de telle régulation est aujourd’hui discutée dans les accords de pêche entre la Mauritanie et l’Union Européenne. La théorie des jeux semble être un outil approprié dans la répartition d’un TAC entre la Mauritanie et l’Union Européenne. A l’aide du modèle logarithmique de Levhari et Mirman “Fish war game” nous avons ajouté un terme de redistribution de la rente correspondant au droit de pêche payé à la Mauritanie (RIM) par l’UE. Le procédé de pareto-améliorant est utilisé par le médiateur mauritanien pour reproduire le dilemme de l’exploitation des ressources renouvelables en propriété commune afin de parvenir à un accord de Quota global au sens de Pareto-optimale. Les résultats de procédures de détermination de quotas de pêche optimale par pays sont discutés à l’équilibre de Nash puis comparés à l’équilibre coopératif pour une pêche durable. Ces deux scénarii se caractérisent par des interactions stratégiques relatives non seulement à l’influence de l’offre globale des TAC sur le marché, mais aussi du coût des externalités dues à la dépendance de la compensation financière de l’UE et les niveaux des biomasses disponibles, dont l’évolution est régie par des lois biologiques.
Dr Aliou BA, IRD/CRODT, Dakar et MARBEC, Sète
« Rentabilité économique des pêcheries artisanales de petits pélagiques en Afrique de l’Ouest: analyse rétrospective de l’exploitation de la pêcherie de sardinelle au Sénégal »
Les petits poissons pélagiques constituent la principale ressource halieutique en quantité en Afrique du Nord-Ouest. Au Sénégal, il s’agit principalement de sardinelles (Sardinella aurita et S. maderensis) et de bonga shad (Ethmalosa fimbriata).La flottille, principalement constituée de filets maillants et de sennes tournantes, est artisanale. Cette pêcherie revête une grande importance tant pour l’économie sénégalaise que pour la sécurité alimentaire dans la région. Cependant, au cours des dernières années, les conditions d’exploitation de cette pêcherie ont changé et les récentes observations ont montré de fortes baisses de rentabilités. Le suivie des comptes d’exploitation de ces unités de pêche sur une vingtaine d’année (1993-2013) a montré une perte de bénéfice de 65% à 100%, tandis que les coûts d’exploitation ont augmenté de 25% et de 90%, respectivement, pour les unités de pêche au filet maillant encerclant et les unités de pêche à la senne tournante. Cette situation pourrait être expliquée par plusieurs facteurs mais la baisse de la biomasse des poissons et l’augmentation de l’effort de pêche sont les facteurs les plus importants en plus d’une augmentation du prix du carburant.
Vendredi 15 Décembre 2017 à 10h
IUEM, amphi D
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